Des ruines de Beyrouth aux régions inondées de la Roya, des villages attaqués en République centrafricaine aux zones à risques du Sahel, partout, des citoyens, des élus, des groupes d’individus plus ou moins organisés se mobilisent pour venir en aide à leurs voisins et à leur territoire. L’année 2021, comme la précédente, nous a donné à voir autant de crises que d’illustrations de la valeur de cette solidarité de proximité. Aujourd’hui, les rapports abondent pour dire combien les actions localisées ont été décisives dans la réponse à la pandémie de COVID-194, combien les premiers intervenants (zero-order responders) et les réponses dirigées localement (locally-led responses) sont souvent plus efficaces en temps de crises5, et pourtant…

Pourtant, nous autres acteurs « traditionnels » du secteur humanitaire, avons encore du mal à appréhender cette solidarité locale dont les dénominations sont aussi variées que les réalités qu’elle englobe : les réseaux informels d’entraide cohabitent avec les organisations accoutumées aux standards humanitaires, les initiatives citoyennes militantes avec les comités de quartier apolitiques… Les contours de cette dynamique sont flous, autant que la capacité réelle (ou l’intérêt ?) du secteur à la soutenir. Cinq ans après les engagements du Grand Bargain, les maigres 4,7 % de fonds humanitaires directement alloués aux acteurs locaux et nationaux, bien loin de l’objectif des 25 % escompté, sont là pour nous rappeler sinon l’échec, au moins les difficultés du secteur à se réformer6. Est-ce là une invitation à changer profondément de paradigme ? À faire en sorte que le secteur lui-même s’intègre à l’écosystème des solidarités locales et non l’inverse ? Faut-il pour cela venir à bout d’une représentation collective coriace qui continue de placer au centre de la réponse les acteurs internationaux, face à des organisations locales qu’il conviendrait de former à nos standards pour qu’elles soient légitimes ? Quelles nouvelles voies opérationnelles sont à inventer pour soutenir sans dénaturer certaines initiatives locales, parfois en marge du « système » humanitaire ? Comment articuler nos mécanismes classiques avec ces formes d’entraide endogènes ?

Voilà quelques-unes des questions auxquelles le Groupe URD souhaite vous inviter à réfléchir pour cette 14e  édition des Universités d’automne de l’humanitaire.

Acteurs de la société civile, de l’humanitaire ou du développement, universitaires, élus, nous vous invitons à venir partager vos questionnements et à construire, ensemble, les contours nouveaux d’une action de solidarité qui laisse une juste place à chacun de ses acteurs. Durant deux jours, des témoignages d’intervenants de différents pays donneront à voir la diversité des formes d’entraide et nourriront, par des exemples concrets, la réflexion sur les ponts à construire entre le système classique de l’aide et les solidarités, plus ou moins nouvelles, qui se forment à ses marges.

 

Réalisé dans le cadre du projet « Apprendre et innover face aux crises », avec le soutien de l’Agence française de développement, la Fondation de France, la Région Auvergne-Rhônes-Alpes & la Principauté de Monaco.

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Humanitaires en mouvement n°23

Qui restitue l’essentiel des débats !

  1. Larissa Fast and Christine Bennett, « From the ground up: It’s about time for local humanitarian action », HPG Report ODI, mai 2020.
  2. Qu’ils s’agissent de conflits, de catastrophes naturelles ou sanitaires, d’accidents technologiques, etc.
  3. Metcalfe-Hough, V., Fenton, W., Willitts-King, B. and Spencer, A. (2021) The Grand Bargain at five years: an independent review, HPG commissioned report. London : ODI
  4. Larissa Fast and Christine Bennett, « From the ground up: It’s about time for local humanitarian action », HPG Report ODI, mai 2020.
  5. Qu’ils s’agissent de conflits, de catastrophes naturelles ou sanitaires, d’accidents technologiques, etc.
  6. Metcalfe-Hough, V., Fenton, W., Willitts-King, B. and Spencer, A. (2021) The Grand Bargain at five years: an independent review, HPG commissioned report. London : ODI