Financé par

Banque mondiale

La zone sahélienne et saharo-sahélienne présente un certain nombre de caractéristiques qui rendent les enjeux de gouvernance extrêmement complexes et sensibles. Le Mali, qui cherche alors à sortir de la crise qui le secoue depuis plusieurs années, notamment au Nord depuis le début des années 1990, a été choisi comme étude de cas. Il s’agissait d’analyser l’ensemble des liens qui ont contribué à la légitimation ou délégitimation de l’État dans les zones à faible densité du Nord.

 

Objectifs de l’étude

Comment l’État a-t-il influencé les conditions de vie des populations (survie économique et sécurité alimentaire) ? Quelles sont les attentes de la population à l’égard de l’accès et de la qualité des services de base ? Les services fournis contribuent-ils au renforcement ou au contraire à l’affaiblissement de la légitimité de l’État dans des zones où, rappelons-le, l’État souffre d’un déficit historique et structurel de légitimité ? Comment la force/faiblesse de l’État a-t-elle influé les relations sociales, intercommunautaires ? Comment les relations entre l’État et les autres acteurs des services de bases ont-elles influé d’une part la lecture des populations du rôle et du pouvoir de l’État, et d’autre part la qualité des services ?

Autant de questions qui ont guidé cette étude, qui visait essentiellement à comprendre et mesurer l’impact des prestations et services de base fournis par l’État, tant au niveau individuel que collectif, et identifier les options susceptibles de garantir un accès efficace et équitable aux diverses prestations, en favorisant la cohésion sociale au Mali.

 

Contexte

La complexité des crises et conflits au Nord-Mali se superpose à une dégradation plus globale de la situation dans l’ensemble du pays, due à l’affaiblissement de la gouvernance, à la « décrédibilisation» des institutions de l’État (y compris l’armée, la police et la justice) et aux effets prolongés de la crise agro-climatique et alimentaire de 2011-2012. A cela, s’ajoutent le coup d’État de mars 2012 suivi d’un contre coup d’État, l’incapacité des autorités à gérer la crise au Nord, et l’interruption conséquente de l’aide budgétaire au développement et des projets de coopération bilatérale. Sur le terrain, l’aide au développement était en grande partie interrompue et les organisations ont quitté les régions Nord avant la prise des armes.

L’intervention militaire française (Opération Serval) a fortement modifié la situation politico-militaire au Nord, en entraînant le retrait stratégique des groupes armés des principales villes et en accélérant la mobilisation de la Mission Africaine (MISMA), de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) et la mise en place de la Mission Multidimensionnelle des Nations unies au Mali (MINUSM). Cette situation pose de façon stratégique mais aussi très opérationnelle la question du lien entre actions humanitaires à court terme et reprise des activités de développement, entre efficacité des opérations civilo-militaires des Nations unies (dans le cadre de la MINUSMA) et la légitimation des autorités nationales.

Même si la situation politico-militaire demeure complexe et sensible au Nord (et ceci durera sans doute encore longtemps, notamment du fait que les Accords de Ouagadougou sont encore à consolider), on constate depuis la fin de la saison sèche un mouvement d’intérêt des différentes agences d’aide pour « revenir au Nord ». Ce processus s’accélère avec le déploiement progressif des troupes de la MINUSMA ainsi que des composantes civiles de la Mission.

Les élections présidentielles se sont bien passées, même si la question du vote de réfugiés dans les camps des pays voisins (notamment Burkina Faso et Niger) ainsi que dans les pays à grandes diasporas (France) ainsi que celle de la relativement faible participation des électeurs au vote dans le Nord sera sans doute relevée très régulièrement dans le futur. Dans ce contexte, la Communauté internationale a finalement validé le résultat des élections et est prête à décaisser des sommes très importantes en faveur d’un État malien cette fois légitimé par un processus démocratique réussi.

Dès lors, le soutien aux services centraux de l’État, aux institutions déconcentrées de l’État et aux collectivités territoriales, tant pour la délivrance des services de base que pour la coordination des actions internationales (ONG, Agences, bailleurs, et IFI), apparaît comme une nécessité incontournable pour conforter la démocratie enfin restaurée.

Réalisé par

François Grünewald

Co-fondateur et Président honoraire