Auteur(s)

François Grünewald

12 janvier 2010, 16h50 heure locale (en pleine nuit en Europe), la faille Enriquillo-Plantain Garden s’est réveillée. D’un coup, la terre a tremblé, une épaisse poussière blanche s’est élevée au dessus de Port-au-Prince tandis qu’un bruit effrayant de broiement a résonné. Les maisons se sont écroulées, la terre a coulé, même la côte s’en est trouvée modifiée. Puis a suivi un grand silence, que sont alors venus troubler les cris et les pleurs de centaines de milliers d’Haïtiens. Au Groupe URD, quand la nouvelle nous a atteints, nous étions en train d’envoyer les rapports pays de l’évaluation de l’approche Cluster. Le rapport Haïti écrit dans ce cadre en fin 2009 n’a pas pu partir, à l’autre bout, il n’y avait plus personne. Depuis, nous n’avons eu de cesse de nous mobiliser. Dès le 13 janvier, nous mettions sur notre site des notes de conseil aux acteurs et un état des lieux de notre connaissance du contexte. Huit processus d’évaluation et d’accompagnement des acteurs, et plusieurs missions de recherche, nous ont conduits sur le terrain. Nos efforts ont inlassablement porté sur le partage des leçons, via de nombreux articles et participations à des conférences. L’enjeu est de taille : depuis 2003 et le tremblement de terre à Bam en Iran, il n’y a pas d’année sans qu’une catastrophe majeure (tsunami, séisme, inondation, cyclone, etc.) ne rabote les acquis fragiles du développement et ne remette en question certains des paradigmes de l’action humanitaire. Dès lors, le choix est simple : il faut accélérer les processus d’apprentissage, agir sur les institutions, revisiter les méthodes de travail et tout mettre en œuvre pour que les erreurs faites en Haïti ne soient pas réitérées. Nous le devons aux morts, comme nous le devons aux vivants.

Ankouraje ! Nou kondane pou nou vanse ! (courage, nous sommes condamnés à avancer !)