Le programme KEY : renforcer la résilience au nord du Mali

Depuis plusieurs années, les interventions d’urgence se succèdent dans le nord et le centre du Mali. En 2016, l’Union européenne (UE) a décidé de lancer un vaste programme nommé KEY (« se tenir debout » en langue locale), qui se veut une transition entre l’urgence et le développement, et qui a pour objectif de renforcer la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables du Mali.

Cinq consortia, composés de 27 ONG internationales et nationales, ont été retenus pour la mise en œuvre du programme dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Taoudéni et Tombouctou. En parallèle, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et le Groupe URD ont été chargés de l’accompagnement et de l’évaluation du programme dans son ensemble. La contribution totale de l’UE au programme KEY est de 40 millions d’euros.

Le programme KEY a reposé sur deux axes d’intervention majeurs :

  • Renforcer les capacités des communautés, des ménages et des personnes les plus vulnérables à anticiper, absorber et se relever des chocs affectant leur sécurité alimentaire et nutritionnelle par la mise en œuvre coordonnée d’actions de proximité ;
  • Renforcer le rôle de leadership des autorités à tous les échelons dans la coordination, le suivi et l’évaluation de l’ensemble des interventions.

 

Quels enseignements peut-on en tirer ?

Suite à la clôture du programme, le Groupe URD publie ici un rapport analytique détaillé, qui –  accompagné du rapport de l’évaluation EIMS 5, considérée comme évaluation finale – propose une analyse contextuelle et opérationnelle, ainsi qu’une analyse des résultats du programme, sous forme de capitalisation générale.

Globalement, les résultats du programme KEY montrent que celui-ci a contribué à réduire la vulnérabilité des bénéficiaires. Les différentes communautés concernées ont pu faire face aux périodes de soudure et abandonner des stratégies d’adaptation négatives.

La  période  d’exécution aura  été́  marquée  par  une forte instabilité, des violences de nature politico-militaire et un accroissement du banditisme, mais les ONG ont su malgré cela adapter leurs modes d’intervention pour réduire les inconvénients de cette situation et finalement réussir à toucher la grande majorité des bénéficiaires identifiés.

Il ressort également de ce programme que les communautés et les autorités locales ont été fortement impliquées dans les différentes phases de la mise en œuvre des activités. Les cinq consortia d’ONG qui ont été retenus avaient l’habitude de travailler ensemble dans d’autres projets et connaissaient bien les zones d’intervention, ce qui a constitué un atout majeur pour la mise en œuvre des activités. Certaines organisations travaillent avec les mêmes populations depuis plus de dix ans, ce qui a favorisé la transparence et l’acceptation de l’intervention. Les ONG locales ont assuré l’essentiel des activités terrain et les ONG internationales ont apporté un appui technique dans les différents domaines d’intervention.

Cette gestion en consortium de grande envergure a néanmoins nécessité de gros investissements, et la mise en place d’un dispositif opérationnel complexe de coordination, de pilotage et de suivis spécifiques. Le Groupe URD en charge des évaluations, de l’appui stratégique auprès d’ECHO et des partenaires, et du suivi, en tire de riches leçons quant aux processus d’adaptation et d’agilité, et concrétise ici tout l’intérêt de son rôle de partenaire d’apprentissage. À l’heure du bilan, des questionnements concernant les effets d’impacts, de durabilité́/pérennisation et d’appropriation des systèmes par les acteurs locaux restent en suspens. Le programme a produit une importante quantité  de  leçons apprises et d’apprentissages qui méritent d’être pris en compte sur d’autres interventions de même nature dans un contexte aussi complexe que le nord et le centre du Mali.

Les deux rapports joints détaillent cette analyse du programme et des résultats, partagent les leçons apprises et formulent des recommandations. L’ensemble des rapports produits sont disponibles sur la page du programme KEY, ainsi qu’une série de vidéos qui illustrent les activités menées sur le terrain.