Cette année, les traditionnelles UAH font place aux Universités de printemps de l’humanitaire (UPH) et célèbreront les 30 ans du Groupe URD !

RDV à Plaisians du 08 au 10 juin, pour des débats et questionnements passionnants autour de L’aide humanitaire d’aujourd’hui : « la fin de l’innocence politique » ? 1, ainsi qu’une belle fête le vendredi soir pour célébrer notre anniversaire !

Comme nous le rappelions lors des Universités d’automne de l’humanitaire (UAH) de septembre dernier, les « besoins humanitaires ont augmenté de manière exponentielle en 2022 sous l’effet de conflits armés, de chocs climatiques et de l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie »2. Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus de 350 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 20233. Aux côtés de la guerre très médiatisée entre l’Ukraine et la Russie, des dizaines de millions d’autres personnes sont elles aussi affectées par de graves crises nécessitant une assistance d’urgence dans la Corne de l’Afrique, la Syrie, la République démocratique du Congo, au Myanmar, en Haïti, au Sahel, en Afghanistan, en Israël et en Palestine, au Venezuela, au Soudan du Sud, etc.4 Aussi, face à cette triste situation « record », il est urgent et indispensable de repenser le secteur humanitaire, notamment dans son rapport au politique.

Déjà remis en question dans le contexte post-2001 à cause de l’instrumentalisation de l’aide humanitaire par le discours états-unien dominant, la neutralité est en effet de nouveau questionnée à l’aune de l’implication croissante des acteurs locaux dans le secteur de l’aide et de l’émergence de mouvements radicaux (mouvements climat, anticapitalisme, etc.), mais aussi de l’engagement politique de nouveaux acteurs de l’aide : les citoyens organisés en collectif, notamment grâce aux réseaux sociaux. Le sujet de la nature politique des situations humanitaires, ainsi que de la clarté des rôles et des responsabilités, est aussi remis sur la table des discussions en raison de l’explosion des crises, du changement climatique et de la destruction du vivant par un système de production dérégulé. Si le débat sur l’instrumentalisation de l’aide humanitaire par le politique ne date pas d’aujourd’hui, il est de nouveau sous les feux de l’actualité avec les évolutions au Sahel (Mali et Burkina Faso), mais aussi en raison de la persistance des crises et de l’inaction des gouvernements face à l’urgence climatique. Ces phénomènes obligent chacun d’entre nous à appeler à une nécessaire responsabilisation des acteurs politiques et à se poser dès aujourd’hui des questions absolument cruciales pour l’avenir.

Ainsi, comment le secteur humanitaire compte-t-il réagir face à ces évolutions qui ne cessent de se confirmer ? Quelle relation l’aide humanitaire entretient-elle actuellement avec le politique ? Le secteur humanitaire peut-il encore se permettre de ne pas prendre position ? N’est-il pas absurde d’attendre de la part d’acteurs locaux qu’ils restent neutres alors qu’ils sont en première ligne face à la crise qui les concerne ? Le principe de neutralité fait-il encore sens et est-il toujours d’actualité à l’aune des nouveaux narratifs ?

 

Liste des intervenants

  • Marie Pochon, Députée de la Drôme (à confirmer)
  • Véronique de Geoffroy, Directrice générale du Groupe URD
  • Valérie Léon, Chargée de recherche, formation, évaluation au Groupe URD
  • Michaël Neuman, Directeur d’étude au CRASH de MSF
  • Céline Barré, Co-directrice ANVITA –  Association nationale des villes et territoires accueillants
  • Isabelle Lorre, Coordinatrice du programme Migration Frontière Transalpine – MDM Délégation PACA
  • Pierre Micheletti, Président d’Action Contre la Faim
  • Laurent Saillard, Chargé de recherche, formation et évaluation au Groupe URD
  • Tin Tin Htar Myint, Directrice de « Ensemble pour le Myanmar » et représentante de la diaspora birmane
  • Pierre Salignon, Chef du Centre des Opérations Humanitaires et de Stabilisation (CDCS), MEAE
  • Kalilou Seydou Moussa, Chercheur socio-anthropologue au Niger
  • François Grünewald, Co-fondateur et président honoraire du Groupe URD
  • Marinel Sumook Ubaldo, Activiste et réfugiée climatique philippine
  • Marion Reinosa, Chargée de recherche, formation et évaluation – référente climat au Groupe URD
  • Fanny Petitbon, Responsable plaidoyer à Care France
  • Pascal Revault, Directeur de l’Expertise et du Plaidoyer chez Action Contre la Faim
  • David Tilus, Directeur exécutif et membre fondateur du GAFE Haïti et référent du mouvement national citoyen pour le climat Alternatiba Haïti
  • Boris Martin, Rédacteur en chef de la revue Alternatives Humanitaires
  • Bertrand Bréqueville, Auteur de L’Humanitaire sous l’emprise du néolibéralisme
  • Marie Bécue, Consultante Genre et Climat
  • Côme Girschig, Conférencier engagé en écologie démocratique et sociale
  • Monique Cardot, Présidente du Groupe URD

Par ordre d’apparition dans le programme …

Pour ses 30 ans, le Groupe URD vous invite – acteurs de la société civile, de l’humanitaire ou du développement, militants climats, activistes du Sud, universitaires – à venir partager vos questionnements et réflexions sur le rapport de l’humanitaire au politique. Durant deux jours, des échanges entre intervenants et participants de différents pays et différents secteurs permettront de confronter la variété des formes que revêt le politique dans l’aide humanitaire et les défis que ceux-ci posent à notre secteur.

Contact : jtaisson@urd.org

 

Réalisé dans le cadre du projet « Apprendre et innover face aux crises », avec le soutien de l’Agence française de développement, la Fondation de France, la Région Auvergne-Rhônes-Alpes & la Principauté de Monaco.

Crédit photo : Florian SeriexAction Against Hunger

La dimension politique de la gestion des crises humanitaires

En quoi la gestion des crises humanitaires possède-t-elle une dimension politique ? Quels sont les premiers responsables de la prévention et de la résolution des crises ? Quelles sont les origines des besoins humanitaires ? Témoins de tant d’impunités et du manque de solutions proposées par les États, les acteurs humanitaires ne devraient-ils pas davantage mettre en lumière ces problèmes ? Ne devraient-ils pas interpeller les politiques, se mobiliser pour plus de justice sociale et de développement équitable, tout en assurant de ne pas se faire récupérer politiquement ?

 

L’engagement des acteurs locaux dans les réponses humanitaires

En quoi l’engagement avec les acteurs locaux de l’aide dans la résolution des crises, dans la solidarité apportée et dans l’alerte vient-il redéfinir le secteur ? Que signifie la possibilité de s’engager pour les acteurs locaux de l’aide ? N’est-il pas absurde d’attendre de la part d’acteurs locaux qu’ils restent neutres alors qu’ils sont en première ligne face à la crise qui les concerne ? Comment définir l’engagement politique de la société civile face aux problématiques de changement climatique ? Le principe de neutralité a-t-il encore du sens dans certains contextes ?

 

Le positionnement des acteurs humanitaires face au système néolibéral

Quelle posture l’humanitaire doit-il adopter au milieu de ces mouvements activistes, témoin en première ligne des effets néfastes du système capitaliste sur le climat, les humains et le vivant ? Faut-il repenser l’humanitaire selon un modèle plus radical ? Faut-il « bricoler » le système du passé à l’aide de quelques changements ou le réinventer complètement en embrassant l’enjeu politique ? L’aide humanitaire ne devrait-elle pas sortir de sa position de retrait par rapport aux grands débats du monde contemporain ? Comment aller au-delà du simple maintien impératif de sa présence sur les terrains de crise ? Ne devrait-il pas assurer que les efforts de localisation s’inscrivent comme « première étape d’une désoccidentalisation de l’humanitaire » conventionnel et comme source d’inspiration pour un « potentiel politisant » ? Ne serait-il pas temps de sonner le glas de l’innocence politique et d’appeler à une « repolitisation de l’humanitaire » ?

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