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Centre de Crise et de Soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

« Face à la multiplication des crises, à leur allongement et à leur caractère plus complexe, les besoins en aide humanitaire n’ont cessé de croître dans le monde. Afin de se donner les moyens d’y répondre, la France a souhaité marquer une nouvelle étape dans son engagement en faveur de l’action humanitaire en se dotant d’une stratégie ambitieuse pour la période 2018-2022 »[1]. Cette stratégie est orientée autour de trois grands axes : l’augmentation des moyens et l’amélioration de leur emploi ; l’inscription de l’action humanitaire dans le traitement durable des crises ; le renforcement du respect du droit international humanitaire (DIH) dans les enceintes internationales, dans les relations bilatérales et sur le terrain. Pour répondre à ces trois défis, quinze engagements ont été pris par le gouvernement français.

En 2018, ces engagements répondaient à des enjeux spécifiques, relatifs à un contexte précis. À l’époque, l’adhésion de la France aux conclusions du Sommet mondial sur l’action humanitaire – ou Grand Bargain – donnait un aperçu des futures directives de la France en matière d’action humanitaire (transparence et moyens alloués, localisation, Nexus, etc.). En parallèle, les violations croissantes du DIH et la paralysie d’instances internationales, telles qu’a connu le Conseil de sécurité lors de la crise syrienne, ont appuyé la volonté de la France de promouvoir et de renforcer le respect du DIH.

En quatre ans, la situation humanitaire et les défis du secteur de l’aide ont fortement évolué. Parmi les récents bouleversements, on notera les crises sanitaires, les crises économiques induites par la pandémie de la Covid-19 ; la dégradation continue de la sécurité alimentaire et de la nutrition mondiales ; le retrait des forces américaines d’Afghanistan et la prise de pouvoir des Talibans ; la crise sécuritaire au Sahel et plus récemment l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Couplée à ces événements, l’intensification des catastrophes naturelles – dues aux effets du dérèglement climatique – vient accroître les besoins humanitaires et modifier l’ordre établi des relations Nord-Sud. Face à ces défis, le secteur de l’aide se transforme et doit répondre à de nouveaux enjeux.

Malgré un contexte de fortes tensions internationales, les moyens dédiés à l’aide se sont accrus, en particulier par des investissements massifs de la France au travers de ses instruments Défense – Diplomatie – Développement (3D) en lien avec l’humanitaire et la stabilisation, notamment au Sahel et au Moyen Orient. Dans le cadre de la lutte internationale contre le blanchiment, la fraude et le financement du terrorisme, les mesures de criblage ont cristallisé les tensions entre les ONG et les autorités françaises, malgré les exemptions accordées pour les bénéficiaires finaux de l’aide humanitaire. Si la SHRF 2018-2022 pouvait difficilement anticiper ces évolutions, il est important d’analyser comment chacun des engagements a été mis en œuvre tout en tenant compte de ces réalités conjoncturelles.

 

En 2020, le Groupe URD a réalisé la revue à mi-parcours de la SHRF 2018-2022. En 2022, alors que la stratégie touche à sa fin, c’est un bilan plus complet et final qu’il s’agit de réaliser. Reprenant les conclusions de l’exercice à mi-parcours, cette revue finale a été complétée par l’analyse de trois sources d’informations principales collectées entre juillet et septembre 2022 :

1/ les sources bibliographiques, particulièrement importantes pour l’axe relatif au DIH, pour lequel les déclarations, positions, actions communes, etc., constituent des indicateurs clés de mise en œuvre ;

2/ les entretiens individuels et collectifs réalisés auprès d’acteurs institutionnels (21 personnes interrogées) et opérationnels (12 personnes interrogées). Un atelier de travail, réunissant des représentants d’organisations humanitaires, a également été organisé. La liste complète des personnes enquêtées est disponible en Annexe 1 du rapport final;

3/ la diffusion d’un questionnaire en ligne auprès des acteurs opérationnels et institutionnels (22 répondants).

Les conclusions de ce travail se fondent sur le recoupement de ces différentes sources d’information. Il présente une analyse la plus objective possible, issue de la triangulation des informations collectées. Les sources notamment bibliographiques sont citées et référencées en note de bas de page, contrairement aux apports issus des entretiens ou de l’enquête, en respect du principe d’anonymat présenté lors de la collecte d’informations. Enfin la première version du rapport a fait l’objet d’échanges avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), qui ont permis d’étayer ou de nuancer certains propos sans remettre en cause cependant l’indépendance de l’analyse présentée ici.

Le rapport issu de cette analyse stratégique est construit sur la même structure que la stratégie et la revue à mi-parcours : en première partie, les efforts, succès et limites de l’action humanitaire française sont présentés à travers l’analyse des neuf premiers engagements relatifs au DIH ; en deuxième partie, la question de l’augmentation des moyens, de leur suivi et des capacités de gestion (engagements 10 à 12) est analysée ; en troisième partie, les efforts mis en œuvre pour la qualité de l’aide, en particulier le traitement durable des crises, la prise en compte du genre et le soutien à la localisation (engagements 13 à 15) sont présentés ; enfin, le bilan général – intégrant les recommandations pour la prochaine stratégie – est exposé en dernière partie. Pour chaque engagement, un chapeau introductif présente la synthèse de son état de mise en œuvre et des principaux résultats obtenus, suivi d’une analyse plus développée.

 

[1] Source : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/action-humanitaire-d-urgence/strategie-humanitaire-de-la-france-2018-2022/

Réalisé par

Véronique
Véronique de Geoffroy

Directrice générale (salariée depuis 1999)

Thomas Catteau

Chargé de partenariats

Thomas Foin

Chargé de recherche junior (depuis 2020)

François Grünewald

Co-fondateur et Président honoraire