Auteur(s)

Valérie Léon

La pandémie de COVID-19 a révélé en 2020 une certaine impuissance du secteur humanitaire face à une crise globale et systémique. Celle-ci a en effet soumis les acteurs internationaux à de fortes contraintes, limitant leurs possibilités d’action à cause des restrictions des déplacements, mais aussi de la stigmatisation des personnels, de la méfiance des populations et d’un système globalement peu agile. Malgré ces difficultés, les organisations humanitaires ont su faire preuve d’une grande adaptabilité pour poursuivre leurs programmes et déployer des actions « spécial-COVID ». Dans tous les cas pourtant, la pandémie est venue rappeler aux organisations internationales combien leur rôle ne peut être que marginal face à une crise (multisectorielle) d’une telle ampleur.

De leur côté, les acteurs nationaux et locaux ont souvent été les mieux placés pour accéder et s’adresser aux populations, en particulier pour diffuser des informations de santé publique et de prévention, identifier les publics prioritaires et leur apporter un soutien vital. En outre, malgré toutes les contraintes, de nouvelles formes d’activisme et de mobilisation citoyenne ont « fleuri » à travers le monde pour insuffler du changement ou exprimer des solidarités.

La crise sanitaire et ses effets secondaires ont également joué un rôle de révélateur des défaillances et des inégalités en tous genres, dans les pays du Sud comme au Nord, engendrant parfois des situations de réelle crise humanitaire et sociale. Dans le même temps, la pandémie a aussi accéléré une prise de conscience et la mise en œuvre de tendances dont le secteur de l’aide parle depuis plusieurs années (montée en puissance des acteurs locaux, empreinte environnementale de l’aide, intégration des risques climatiques dans la conception des interventions, etc.).

La crise globale liée au COVID-19 apparaît donc également comme une opportunité et un moment décisif pour réorienter les approches de l’action humanitaire. En interrogeant les postures et les modalités d’intervention, elle pousse en effet le secteur à repenser le rôle des différents acteurs et le fonctionnement de l’aide internationale. Des enjeux d’autant plus importants que la crise actuelle pourrait constituer un simple « avant-goût » des crises à répétition causées par le dérèglement climatique et ses multiples conséquences.

Du 22 au 24 septembre 2020, les Universités d’automne de l’humanitaire (UAH) ont pu être organisées « en présentiel » au siège du Groupe URD, réunissant une trentaine de personnes dans le respect des gestes barrières. À l’aune de travaux récents du Groupe URD (Observatoire COVID-19), ces journées ont pointé l’impératif de repenser et réinventer les modes opératoires d’une solidarité internationale toujours aussi nécessaire pour faire face aux défis à venir et contrer le repli des sociétés, sur tous les terrains où surviendront des crises, au Nord comme au Sud.

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