Créer un socle documentaire afin de sauvegarder et protéger les productions intellectuelles centrafricaines dans les différentes structures académiques

 

Le 5 octobre dernier, l’équipe composée du Groupe URD et de Peace & Development Watch-RCA a eu l’honneur de signer des protocoles avec les grandes institutions centrafricaines productrices de connaissances (l’École nationale d’administration et de magistrature de la République centrafricaine (ENAM), l’école normale supérieur (ENS) et le Rectorat) pour entériner le démarrage des numérisations. Pour rappel, cette phase du projet vise à numériser toutes les productions intellectuelles (mémoires, recherches, thèses…) disponibles dans les bibliothèques et les archives de ces institutions. La création de ce socle documentaire s’inscrit dans la conservation de la mémoire intellectuelle centrafricaine et s’avère être une base essentielle pour l’organisation de dialogues impliquant la société civile centrafricaine. Ainsi, ce sont environ 11.000 documents (mémoires, thèses de doctorat, articles scientifiques…) qui seront numérisés et rendus accessibles à tous. Une autre manière de protéger le patrimoine national Centrafricain !

 

Une conférence de presse s’est ensuite déroulée au sein des locaux de l’Université de Bangui en présence du Professeur Silla Semballa, vice-recteur de l’Université de Bangui, et d’un représentant de l’ENAM. Ce fut l’occasion de présenter le projet dans son ensemble aux médias mais surtout de mettre l’accent sur l’urgence de protéger le patrimoine intellectuel centrafricain. « Ce projet est source d’espoir pour les intellectuels, les étudiants et toute personne qui est animée par l’amour de la patrie, cela nous donne enfin l’occasion de palier à la disparition de nos écrits […] Ce projet est vraiment salutaire pour nous. Nous souhaitons de vive voix qu’il réussisse », Professeur Silla Semballa.

Un débat public sera également organisé prochainement afin d’impliquer la société civile.

Le Pr. Richard Filakota, Directeur Général de l’ENAM, Pr. Silla Sembella, Vice-recteur de l’Université de Bangui, Kessy Ekomo Soignet, Directrice du Cabinet Peace and Development Watch (PDW-CAR) et Laurent Saillard, chercheur et responsable du projet au sein du Groupe URD, ont également été réunis dans la foulée lors d’une émission de radio sur Guira FM sur le thème « Protéger le patrimoine intellectuel centrafricain et le mettre au service de la société ». Ils ont ainsi pu présenter le projet et les perspectives à venir, et informer la population de cette initiative.

 

Une formation en numérisation a ensuite été réalisée en faveur de 25 personnes (archivistes, étudiants) provenant des institutions partenaires (l’ENAM) et l’Université de Bangui) et de la Présidence de la République. Cette formation de trois jours a été l’occasion de les sensibiliser à l’importance de la préservation du patrimoine intellectuel centrafricain, et d’apprendre de manière théorique et pratique la chaîne de numérisation et de conservation.

 

Les premières numérisations ont démarré au sein de l’ENAM, dès le premier jour : 77 thèses ont été numérisées dont les plus anciennes datent d’avril 1967 et sont le fruit des 34 premiers diplômés de cette institution en charge de former les futurs fonctionnaires centrafricains. On y trouve l’une des premières thèses sur la femme centrafricaine et la culture.

Cela représente un vrai défi pour le pays. Pas tant en raison d’un manque de production de connaissance que d’un manque d’accès à celle-ci. La documentation écrite portant sur le pays est éparpillée dans de multiples lieux d’archivage en RCA et en dehors du pays, en Europe, aux Etats Unies, au Canada, en Russie. Une partie de cette connaissance est menacée de disparaitre – dans certains cas il ne reste qu’un seul exemplaire de travaux de recherche et ce dans de multiples disciplines. Il est donc primordial de préserver cette connaissance en la numérisant, d’en faciliter l’accès en créant une base de données accessible en ligne et d’en reproduire des exemplaires papier mis à disposition dans des lieux physiques en Centrafrique.

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La numérisation du patrimoine intellectuel centrafricain fait partie d’un projet plus global, qui contient un deuxième volet d’activités de mobilisation de la société civile autour de différentes thématiques. Les débats thématiques ainsi organisés s’appuient sur le socle de connaissance numérisées et mis à disposition de tous et toutes. A titre expérimental des ateliers ont été organisés en août 2022 sur le traitement des déchets dans la ville de Bangui, et la jeunesse et l’accès à l’emploi. Cet exercice a permis de mieux comprendre comment faire en sorte qu’acteurs académiques et acteurs de la société civile travaillent plus étroitement ensemble sur des sujets de société afin de faire avancer la Centrafrique dans une logique de dialogue plutôt que de confrontation.